Le club
EQUIPE DIRIGEANTE
EQUIPE TECHNIQUE
Le Cercle de Voile de Touraine est un club affilié à la Fédération Française de Voile.
La politique de développement de l’activité instaurée depuis 2007 a permis au club d’augmenter considérablement son nombre de licenciés
Cette année s’annonce dynamique et positive en terme de croissance. Le Cercle de Voile de Touraine conserve ses labels :
– ECOLE FRANÇAISE DE VOILE
– CLUB COMPETITION
– CLUB SPORT LOISIR
La structure
Le Club dispose:
- d’une salle d’accueil
- de vestiaires
- de toilettes handicapés
- d’une salle de travail
- d’un atelier
- d’une salle peinture
- de trois locaux de stockage
- d’une grande salle ‘Club House’ équipé d’un bar et d’une cuisine
- de deux salles de réunions
- de 11 places de port
- d’un parking bateaux et remorques
- d’un espace camping
- Un baby foot et une table de ping-pong sont également mis à dispositions des membres
Le saviez vous ?
En 2023
le Cercle de Voile de Touraine fêtera ses 140 ans
A la fin du 19ème siècle, l’empire britannique est à son apogée et son influence économique, culturelle et… sportive s’étend sur le monde entier. Les régates royales de Henley existent depuis 1829 et amènent les Normands (Rouen, Le Havre), puis les Parisiens (Rowing Club de Paris) à se lancer dans l’aventure de l’aviron. Après quelques décennies de tâtonnements sur les règles de courses, les compétitions et le matériel utilisé, l’Europe de l’aviron (sans les Anglais ni les Allemands) crée en 1892 la Fédération Internationale des Sociétés d’Aviron (FISA). En France, ce dynamisme a surtout été promu par le 2nd Empire et suivi par la République naissante, dans un contexte de revanche militaire contre l’Allemagne. Il faut rappeler, en effet, que l’aviron est considéré comme un « sport conscriptif », associé par conséquent au tir, à l’escrime, la gymnastique militaire etc.
C’est probablement entre 1863 et 1883 que se développe en Touraine, une « société des régates » sur l’exemple des villes pionnières hexagonales. Mais c’est en 1892 que le Rowing Club de Touraine fait officiellement son apparition. Ses premiers membres appartiennent à l’élite bourgeoise locale et les régates se pratiquent sur la Loire entre le « pont de pierre » et les îles en aval de Tours. A la faveur de l’apparition de la loi sur les associations, les membres du RCT décident de changer les statuts et de prendre pour cadre la loi de 1901. Le club d’aviron tourangeau se déclare en Préfecture le 25 avril 1902 et porte le n°7 : il est à ce jour la plus vieille association en Indre-et-Loire (les 6 autres ayant disparu !). Ses dirigeants étaient des notables locaux : Georges Million (président – directeur d’assurances), Henri Vallin (vice-président – rentier), Marcel Pimpar (secrétaire – architecte), un certain Plancheneau est fondé de pouvoir de la Maison Goüin (banquiers bretons), Maurice Fouchet est négociant…
Le Rowing Club de Tours profite alors de la mode du canotage et du goût pour les promenades et activités aquatiques pour organiser des manifestations populaires. Le 14 juillet, les Tourangeaux se retrouvent tous sur les grèves ligériennes pour assister à la principale régate de l’année, immortalisée par les photographes et diffusée en cartes postales. Le RCT n’est pas la seule association nautique locale : la Société Nautique de Touraine, née en 1863 à l’initiative de Monsieur de Taste, est installée sur l’une des îles du fleuve royal. Elle s’intéresse à « la plaisance, à la construction navale et aux exercices nautiques ».
Les années 1930 bousculent le nautisme en Touraine : la Société Nautique de Touraine connaît des scissions et périclite, tandis que le RCT semble se développer en absorbant l’activité de la voile. Il crée une société immobilière et achète des terrains sur l’île de la Vierge à St Avertin pour y fonder sa première base nautique sur le Cher, avec un hangar et un logement pour un gardien et sa famille. Cet affluent de la Loire offre des ressources plus importantes pour le nautisme puisque la rivière est plus profonde et les périodes de crues en mi-saison, décuplent la surface navigable. Autrement dit, le Rowing Club de Tours connaît une orientation décisive qui voit l’aviron se marginaliser au profit des bateaux à voile au tirant d’eau plus important. C’est aussi une époque de démocratisation du sport que nous retrouvons notamment dans la politique du Front Populaire.
Les adeptes de l’aviron quittent progressivement le RCT pour rejoindre un jeune club issu de la disparition de la Société Nautique de Touraine : le Tours Aviron Club, encore en activité sur le Cher. En 1936, le RCT assume sa nouvelle orientation et son ouverture à d’autres couches sociales en transformant ses statuts et son nom : il devient le Cercle Nautique de Touraine.
Comme toujours, il s’agit moins d’une rupture que d’une adaptation aux exigences du moment : le CNT conserve du passé des usages élitistes hérités des milieux maçonniques et rotariens locaux : adhésions par trois parrainages, démission en cas d’absence répétés aux devoirs envers le club (assiduités aux activités nautiques et administratives, respect du matériel et de « l’étiquette navale ») etc. Les comptes rendus des réunions de directions témoignent de ces usages sans appel, ni contestation ! La modernité tient au fait qu’autour de la pratique de la voile, le club organise aussi la pratique du sport d’hiver, de l’initiation à la natation ou au secourisme… L’activité est à son apogée et des liens sont tissés avec plusieurs clubs importants, à Cognac ou Angers. Le club dispose d’une section à Chinon et organise ou participe à des régates sur la Vienne et la Loire jusqu’à Candes et Montsoreau. Exceptionnellement, des bateaux du club se distinguent sur les régates du bassin d’Arcachon.
La 2nde Guerre mondiale est une catastrophe pour le club dont de nombreux membres sont tués, emprisonnés, voire persécutés. Le cœur de Tours est bombardé et les archives du club (dont le siège social était l’adresse du président, au 44 rue Nationale) sont détruites. Il en va de même pour les installations et une partie des bateaux entreposés à St Avertin : la destruction du nœud ferroviaire de St Pierre-des-Corps par les bombardiers allemands atteint l’île de la Vierge. Les dégâts sont considérables et le président Fernand Texier (un maroquinier qui a perdu ses biens personnels et professionnels) doit demander une indemnité de dommage de guerre pour le club qu’il n’obtiendra (en dessous de la valeur demandée !) qu’à la fin de la guerre. Cette période est marquée par une activité au ralenti, mais pas totalement arrêtée. Les bateaux sont réparés ou construits et le programme sportif est respecté scrupuleusement. Pour l’année 1943, ce ne sont pas moins de 11 compétitions auxquelles participent les membres du club entre le 25 avril et le 26 septembre : éliminatoires des championnats de France en moths, coupe du Yacht Club de France, rencontres locales… Les archives font état d’une quarantaine de bateaux opérationnels même si de nombreux propriétaires sont absents pour les barrer (prisonniers de guerre, résistants en France à Londres ou en Afrique du nord, décès…). Le club n’échappe ni à l’histoire, ni aux contraintes de l’occupation et à la législation antisémite de Vichy et des nazis. Le vice-président, Jacques Schtein, médecin dans la région de Chinon, doit faire la preuve qu’il n’est pas juif. Malgré le soutien unanime des membres du CNT et les nombreuses démarches faites auprès du Préfet par Fernand Texier, les services de la préfecture cautionnent les dédommagements de guerre à la démission du vice-président. Le club décide de maintenir secrètement Jacques Schtein dans sa charge en annonçant le contraire aux services de la préfecture.
Les années d’après-guerre, le club doit rebâtir ses structures, son activité, recruter, former ses cadres et ses sportifs. Il compte une centaine de membres dont la moitié d’actifs, mais une vingtaine impliqués seulement. Plusieurs présidents se succèdent rapidement à la tête du CNT, et – signe des temps – le bureau élit la première femme parmi ses membres : Mlle Simonin sera secrétaire-adjointe… La première école de voile (8 garçons et filles) est créée et prise en charge par l’abbé Froger organiste de la cathédrale de Tours, qui a participé à la résistance. On régate en moths, sharpies, canetons, argonautes, pélicans, as-Côte d’Azur, stars… En 1956, le club change une nouvelle fois de nom pour devenir le Cercle de Voile de Touraine, précisant ainsi son identité sportive. L’essor se poursuit dans les années 1960-1970 avec de nombreux événements importants qui favorisent le développement du nautisme : les succès des courses au large, le tourisme bleu de masse et l’évolution des supports qui attirent les jeunes.
Localement, le maire de Tours, Jean Royer, engage la ville dans de grands aménagements qui transforment le paysage urbain et sécurisent les nouveaux quartiers sortis de terre sur les rives du Cher. Pour éviter les crues à répétitions, le conseil municipal décide d’endiguer la rivière, ce qui fait disparaître l’île de la Vierge et les espaces dédiés au nautisme depuis des décennies. C’est à cette époque qu’un jeune sportif, champion de France et d’Europe en dériveur, Pascal Berbigier, prend la tête du club et négocie avec la municipalité le transfert des installations sportives sur le tout nouveau lac de la Bergeonnerie, dont la terre a servi aux digues du Cher. Les premiers locaux, sont les baraquements des ouvriers du bâtiment, puis un club house sort de terre, ainsi qu’une petite maison qui doit servir à héberger un chef de base de qualité et sa famille en Touraine. L’activité nautique évolue en fonction des nouveaux intérêts des sportifs et de l’évolution des bateaux : l’Optimist pour les jeunes et le 420 sont rois.
Pascal Berbigier tire profit de l’apparition en Europe d’un nouveau support de navigation : la planche à voile qu’il est l’un des premiers à introduire en France. Il achète deux PAV aux Pays-Bas et les ramène en France via la Belgique. Pour l’anecdote, les douaniers ont été très intrigués par ce truc sur le toit de la voiture et ont passé un certain temps à vérifier s’il ne s’agissait pas d’un nouveau moyen pour faire entrer des substances illicites en France… Nous sommes dans les années où les cheveux sont encore très longs et les chemises d’Antoine… à fleur ! A la suite d’un pari avec trois copains, Pascal Berbigier va descendre une première fois la Loire en PAV et multiplie l’habitude. Les Tourangeaux amusés et curieux viennent voir ces drôles de supports glisser sur la Loire. C’est ainsi que naît l’une des plus importantes manifestations internationales de PAV : les « descentes de la Loire ». Elles mobilisent des dizaines de bénévoles, une logistique imposante composée d’hélicoptères, camions etc., elles attirent des centaines de sportifs du monde entier, les sponsors et les médias européens sont présents sur la Touraine durant les quelques années que durent ces descentes. Le club compte plusieurs centaines de véliplanchistes et de nombreux jeunes. L’expérience sera de courte durée puisque les écologistes dénoncent les effets de la manifestation sur l’écosystème ligérien. Cette opposition sera aussi à l’origine de la première « Charte des usagers de la Loire » élaborée par la Préfecture de Région (en juin 1994) et signée par les représentants régionaux des différentes organisations : c’est le début de la patrimonialisation du fleuve qui trouve son épilogue par son classement par l’UNESCO, en 2000. Les contraintes sont telles pour le CVT que le club renonce définitivement à organiser les épreuves pourtant populaires. Cet événement sera enfin à l’origine de fortes dissensions entre les dirigeants du club et ceux de la Ligue du Centre qui ont signé la Charte contre la volonté du CVT.
Le club connaît alors une érosion importante de ses membres et un vieillissement de ses cadres. Les plus jeunes sont attirés par d’autres sports ou des supports de glisse plus spectaculaires qui ne peuvent se pratiquer que sur le littoral. Quant aux parents, ils entrent dans la génération du « papyboum » et se tournent également vers la façade Atlantique (Charente Maritime, Vendée, Bretagne) où ils achètent des résidences (provisoirement) secondaires. L’activité du CVT se concentre alors sur une poignée d’habitables dont les propriétaires contrôlent le club. Cela n’empêchera pas le Cercle de Voile de Touraine d’assurer des résultats plus qu’honorables dans les compétitions nationales et internationales : les Frères Lhommond se distingueront en 420, tandis que Jérôme Berbigier s’adjuge le Spi Ouest France en 2006. La réputation du club n’est pas à faire en marge même de la navigation : Brice de Crisenoy, formé au CVT est le préparateur depuis une décennie de l’IMOCA 60 (Groupe Bel) de Kito de Pavant. Des antagonismes personnels, mais aussi ceux liés à des approches différentes de la voile (Habitables/ non habitables, loisir/compétition, Véliplanchistes/Europistes Europistes/Laseristes…) aboutissement à la création de deux nouveaux clubs sur l’agglomération : le DWJ (Joué-lès-Tours) et le TSV (pour la PAV, à Tours).
Depuis une dizaine d’années, une nouvelle équipe a pris les commandes du navire, apaisé les tensions et redonné des couleurs au club. Elle tente de faire cohabiter les différentes pratiques, de diversifier l’offre en direction des handicapés, de travailler avec les collectivités locales et les partenaires privés. Après être tombé à 80 membres, le CVT en compte à présent plus de 200. Il dispose d’un Rush à La Rochelle très sollicité par les membres qui émargent aux RTT…, et continue de se distinguer dans les régates de ligues ou nationales. Le Cercle fête à présent ses 120 ans et plus si affinités…, tranquillement et sans l’once d’un vertige face à son honorable histoire. Il est un témoin de la transformation des activités nautiques, de l’histoire de nos sociétés, mais aussi des relations qu’elles entretiennent avec les sports nautiques. Le Cercle de Voile de Touraine appartient au patrimoine français du nautisme au même titre que d’autres grands clubs des origines. Comme eux, il est l’un des gardiens de la tradition, c’est-à-dire de la transmission des valeurs du nautisme : respect, convivialité, dépassement de soi, persévérance, courage… la liste et longue et nous la résumerons par le mot des anciens : « l’étiquette navale ».
Jacques GALHARDO, professeur d’histoire – Lycée DESCARTES – TOURS